L'imaginaire poétique et romanesque, la méditation des moralistes et des mémorialistes, la dévotion à laquelle convient les auteurs spirituels, gravures et tableaux, autant de lieux où se réfracte et se diffracte au XVIIe siècle un discours de la retraite. Loin pourtant de n'être qu'un lieu textuel et figuratif, il prend corps dans les existences autour de la figure emblématique d'un Guez de Balzac, « l'ermite de la Charente », autour des Solitaires de Port-Royal, de l'entrée solennelle de la maîtresse du roi, Françoise Laure de La Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière, chez les Carmélites ou de l'abbaye de La Trappe, réformée par Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé.
Peu étudié et pourtant décisif, cet aspect de l'histoire sociale, de la pensée et de la sensibilité invite à ouvrir des perspectives sur tout ce siècle de « crise ». Nourri en effet d'une riche culture antique et chrétienne qu'il mobilise et actualise, le discours de la retraite apporte, dans la gamme étendue de ses registres, des réponses diversifiées aux évolutions et aux mutations sociales, politiques, mentales.
Objet historique, il invite aussi notre temps à la réflexion puisqu'en ses avatars se raffine la conversation, s'affirment l'espace privé et la vie intérieure, s'affine et prend conscience d'elle-même la notion de littérature.