L’Oiseau vert (1765) est la neuvième des dix fables théâtrales que l’écrivain vénitien Carlo Gozzi, invente pour triompher de l’autre Carlo, Goldoni, adversaire honni contre lequel il se déchaînait depuis dix ans. Il la nomme fable philosophique pour souligner l’importance du message allégorique qu’il y développe, et répondre à ceux qui trouvaient ses intrigues de conte de fées trop puériles et « fondées sur le faux ». Il y donne un destin à la fois tragique, pathétique et burlesque aux protagonistes de sa première fable, L’Amour des trois oranges (1761), et porte à sa perfection une écriture-centaure qui traduit sur la page la subtile articulation entre dramaturgie d’auteur et dramaturgie d’acteur propre à la commedia dell’arte. Son contemporain Giuseppe Baretti voyait en Gozzi un nouveau Shakespeare. Avait-il tort ? Avait-il raison ? Cette traduction à lire et à jouer qui se démarque des versions scéniques modernes pour revenir à la lettre de l’original permettra de trancher la question.