Aribinda : petite région burkinabé, dans le sud du Sahel. Chaque année, tous les groupes sociaux accomplissent un important rituel avant les pluies. Les hifuba, spécialistes des sacrifices et de la magie, entament une procession autour des massifs qui encadrent le bourg d’Aribinda, coeur historique et politique de la région ; leur circuit est ponctué de plusieurs haltes en des lieux déterminés où sont accomplis les sacrifices requis en bétail ou en biens. Par ce périple, les hifuba engagent un combat contre les puissances néfastes qui cherchent à s’emparer de « l’ombre » du mil et à menacer les récoltes. Dans ce rituel, les pratiques magiques rendent compte de l’enjeu crucial que représente l’agriculture. Or, depuis plus de deux décennies, la région, comme le reste du Sahel, connaît des difficultés dues à l’altération climatique et à la pression accrue de l’homme sur son environnement. Les paysans s’adaptent tant bien que mal à ces changements en opérant de nouveaux choix techniques et en adoptant de nouvelles stratégies de production. L’ouvrage, qui présente les résultats d’une recherche conduite sur le terrain entre 1982 et 1984, reconstitue la mise en place et le fonctionnement d’un système de production sahélien. La lente prise de possession d’un espace par des groupes humains de diverses origines, les mutations techniques, agricoles et pastorales sont évoquées dans une démarche qui montre l’interdépendance des phénomènes. Ce cheminement dans l’histoire et les différents domaines de la production permet de rassembler les éléments d’un diagnostic nuancé: sur le devenir de la région.