Venus en urgence de Paris au chevet d'un ami très cher
qu'un accident cérébral finira par éloigner définitivement
du monde, deux amis bouleversés revisitent les épisodes
marquants d'une longue histoire commune, à la manière
d'une enquête tout affective d'où surgit le soupçon que
cette absence, désormais irrémédiable, n'est que la forme
ultime du destin d'un homme dont chacun, sous couvert
d'amitié, s'est si souvent employé à ignorer les tourments
et à mésinterpréter les choix, les paroles et les gestes.
Car que faire, à présent, des révélations que délivre le
domicile naguère occupé par Arnaud dans cette petite ville
de province où il s'était, aux yeux de ces amis parisiens,
« exilé » ? De telle fenêtre, par exemple, devant laquelle ce
solitaire aimait, semble-t-il, à se tenir longuement, dans
cette maison où il vivait sans projet explicite, tous livres
refermés ? Que foire d'une vie devenue inintelligible, et
comment vérifier l'angoissante intuition qu'on a pu, des
années durant, « passer à côté » d'autrui avec toute l'arrogance de mortels insoucieux de se connaître véritablement
les uns les autres ?
C'est avec une impressionnante intensité que Jean-Paul
Goux, en archéologue de l'inquiétude, convoque ici d'une
manière inédite la réflexion qu'il n'a, de livre en livre, cessé
de mener sur le temps et les lieux que l'homme tente de
faire siens.