Londres, la nuit
Dickens fut tout au long de sa carrière littéraire un inlassable marcheur et explorateur de Londres, de ses prisons, ses théâtres, ses monuments, ses rues commerçantes, ses gares, ses docks, ses asiles pour les pauvres, ses taudis, et son oeuvre romanesque est indissociable de ses enquêtes de journaliste. Cette fascination pour l'espace urbain apparaît dans les articles présentés ici, publiés clans les deux revues qu'il dirigea. Household Words et All the Year Round. Dickens aimait tout particulièrement déambuler dans Londres la nuit et ses récits, tout en prenant leur source dans des notations sur le vif, dérivent souvent vers l'imaginaire et le rêve, mêlant l'observation sociale et la veine visionnaire, avec parfois une intensité quasi hallucinatoire. On le voit ainsi accompagner des inspecteurs de police dans leurs tournées à travers les bas-fonds et les taudis de la capitale ou dans leurs patrouilles nocturnes sur la Tamise, mais aussi rencontrer des créatures sans feu ni lieu dans un Londres hanté par les noyés de la Tamise. Cette modernité de Dickens, qui le situe entre Dostoïevski et Chaplin, fait de lui un immense comédien de l'inhumain.