Long feu aux fontaines est un grand oeuvre poétique, qui rassemble trois livres de poèmes épuisés : Le Ministère des verges (2011), L'Emoi du non (2013), Les rires fous d'AlefBêt... (2016), et trois inédits : Une mystique sexuelle, Sans titre ou points d'O et Les inutiles.
Danseuse, poète, romancière, collaboratrice régulière des Hommes sans Épaules, Odile Cohen-Abbas a été membre du comité de rédaction de la revue surréaliste Supérieur Inconnu. En vers comme en prose, ce poète brouille les cadres traditionnels de la narration : ses textes n'ont pas une allure segmentée mais organique ; son écriture est l'une des plus étonnantes, des plus originales et des plus fortes de notre époque. Sarane Alexandrian n'a pas écrit en vain : « Comme Odile Cohen-Abbas prononce deux fois le mot "surréel", je confirme, au nom de mon livre Le Surréalisme et le rêve, qu'elle crée bien une surréalité intégrale, se situant entre Le Pèse-nerfs d'Antonin Artaud et Aurora de Michel Leiris. Avec une obstination inébranlable, elle poursuit une oeuvre sans équivalent dans la littérature française d'aujourd'hui, préférant aux vanités de l'autofiction et aux banalités du réalisme l'invention audacieuse d'un univers fantasmagorique. »
Odile Cohen-Abbas déconcerte par la richesse de son univers et de ses images hallucinatoires, comme elle fait sensation en apparaissant dans la droite lignée de femmes surréalistes, hantées, à l'image de Joyce Mansour ou Léonor Fini, en opposition à l'idéalisation de la femme, par un érotisme et un onirisme tout à fait exceptionnels, comme par un humour qu'elle utilise comme une arme de dérision pour conjurer le sort. En fusion, l'image regorge de fureur intérieure et semble jaillir d'une bouche de feu ; de ce Long feu aux fontaines qui consacre Odile Cohen-Abbas comme l'une des voix majeures de la poésie contemporaine.