«À l'aide du labyrinthe de l'ego et à travers lui, c'est l'originel
- c'est-à-dire ce qui est à tous - que je tente d'atteindre.»
Cette phrase de Bauchau que notre étude ne cesse d'interroger
est la clé de voûte d'une oeuvre qui, depuis Géologie en 1958
jusqu'à Nous ne sommes pas séparés en 2006, ouvre avec son
lecteur un entretien infini.
Unissant mythe, psychanalyse et religieux, l'originel bauchalien
pourrait se définir comme un espace et un temps d'avant
les commencements, un avant source d'un art que l'on peut
rapprocher de l'art éternel du poète voyant chez Rimbaud.
L'originel pourrait également être comparé au «jadis» de Pascal
Quignard, ou à «l'originellité» du poète Salah Stétié.
Cette étude, qui convoque l'oeuvre dans sa totalité, tente de
mettre en évidence l'inscription d'un son de voix qui sans cesse
fuit sa trace écrite dans un mouvement permanent d'affleurement
et de retrait. Le «peuple de mots», «peuple inventeur de la
main», «peuple libérateur du regard» célèbre une danse fascinante.