Lorsque l'enfant questionne
Autrefois assigné à un destin par son milieu social, l'enfant risquait de ne pas accomplir ses voeux les plus intimes. Peut-on aujourd'hui lui permettre de se frayer une voie selon la singularité de son désir ?
On imagine trop facilement que le petit enfant ne comprend pas ce qu'on dit, qu'il ne peut pas déjà percevoir les pensées et les émotions de son entourage. On croit qu'il est d'abord immergé dans un monde de sensations et d'images où le langage n'aurait pas sa place.
Or dès sa naissance, l'enfant est un être de langage, très sensible à la modulation de la voix, à l'écoute de la moindre parole. Son babil laisse entendre la jouissance qu'il éprouve à s'exprimer. Puis, lorsqu'il s'affirme par la parole, c'est avec jubilation et ferveur qu'il prononce les mots et tente ses premières petites phrases. Il prend le langage très au sérieux, pose beaucoup de questions, curieux, avide de comprendre. Il aime aussi jouer des mots et du sens, inventer sa langue, se faire poète.
Cependant, malgré son amour de la langue, il se trouve dépourvu pour réagir aux malentendus, aux conflits, aux blessures et aux traumatismes que la vie lui réserve. Il n'a pas les mots pour dire les premiers émois qu'il éprouve et qu'il ne sait comment assumer. Il tente de résoudre les énigmes de l'existence et n'y parvient qu'imparfaitement, ce qui peut l'angoisser. Des symptômes viennent indiquer sa détresse.
La psychanalyse offre à l'enfant l'espace propice à remettre ses questions en chantier. Il a la surprise de découvrir que l'analyste, par sa présence, lui donne l'appui nécessaire à trouver lui-même les réponses à ses interrogations, enfouies dans son inconscient, apportant la solution à ses symptômes.