Elle a été l'une des plus célèbres séductrices de son temps. Sa beauté était ravageuse, son intelligence vive et pénétrante, son caractère « océanique ». Égérie insolente de Nietzsche, amante comblée de Rilke, disciple fervente de Freud, elle a ensorcelé les plus grands esprits.
Qui fut vraiment Lou Andreas von Salomé ? Entre la mondaine provocante des débuts qui se refuse à tous ses soupirants et l'amoureuse insatiable de la maturité, la postérité peine à fixer l'image de cette femme insaisissable. Intellectuelle de haut vol ? Madone des sleepings russo-germaniques ? Prima dona avide de gloire jetée dans le fantastique tourbillon intellectuel de la Belle Époque ?
Témoin capital de l'émergence du bolchevisme, de la psychanalyse et du nazisme, elle fut d'abord et tout entière dans sa scandaleuse liberté d'être, au coeur d'une société de femmes soumises. Pour Michel Meyer, elle préfigure cette « sur-femme » dont l'avènement, 150 ans après sa naissance, fait aujourd'hui vaciller le trône du mâle dominateur. Lou savait d'instinct que la place de l'homme n'était pas imprenable. Aussi ce vibrant portrait est-il celui d'une femme moderne.