- Salut, empèri dóu soulèu, que bordo Coume un orle d'argènt lou Rose bléuge ! Empèri dóu soulas, de l'alegrìo !
- Salut, empire du soleil, que borde comme un ourlet d'argent, le Rhône éblouissant ! empire de plaisance et d'allégresse !
[Chant II, XVIII]
« Toi seul, t'emparant d'un des trois ou quatre thèmes absolus, un fleuve qui coule selon un livre vivant, chantant, débordant, si humain, grave et jeune, éternel, pouvais y égaler ton inspiration ».
Stéphane Mallarmé, lettre à Frédéric Mistral, 11 août 1897.
Si Mirèio est l'oeuvre de Frédéric Mistral la plus connue du grand public, Lou Pouèmo dóu Rose, dernier volet épique de sa grande fresque de la civilisation provençale, est souvent considéré comme son chef-d'oeuvre majeur, voire une oeuvre testamentaire dans laquelle il déclarait avoir fait sa « profession de foi ».
Le Rhône a toujours occupé une place privilégiée dans l'imaginaire poétique de Mistral. Il le fascinait dans son enfance, ainsi qu'il le confia dans ses Memòri e raconte en 1906, et cette fascination ne le quitta jamais. Omniprésent dans Mirèio, ce fleuve qui donne son nom à la langue à laquelle il a consacré sa vie - le provençal rhodanien, apparaît dans ses discours et ses articles, dans ses mémoires, dans toute son oeuvre poétique, comme le symbole de l'essence même et de l'esprit de sa Provence.