Soldat dans les tranchées de la guerre de 14, Louis
écrit à sa famille, à ses proches, à ses "marraines
de guerre", pour maudire ou travestir la réalité,
rassurer ceux qu'il aime ou conjurer un peu de
son épouvante. Apprentie dactylo à Saint-Germain-des-Prés
dans les années 1950, Lorette s'ingénie
à taper des lettres : pour des vieilles dames du
quartier, pour son père toujours absent, pour
son beau fiancé lointain, et pour elle-même,
malade de la tuberculose.
Deux vies parallèles, que sépare un demi-siècle,
et dont nous ne connaissons que ces écrits, semblent
mystérieusement résonner et se rejoindre
en un point imaginaire ou d'une éventualité minuscule.
A moins que le lecteur n'ait seul le pouvoir
de faire se répondre les mots de cette partition
qu'inspire le fameux quatuor schubertien, La Jeune
Fille et la Mort.