Louis-Frédéric François Gauthey (1795-1864), pasteur et pédagogue
Pour une pédagogie naturelle et pananthropique
« Élever est le mot ; notre langue a admirablement nommé la tâche de l'éducation », lit-on en épigraphe d'un ouvrage de L.-F. F. Gauthey citant son ami Alexandre Vinet.
Mais faut-il se limiter à l'instruction de la jeunesse, ou faut-il parler d'éducation ? Ne serait-il pas judicieux de salarier les élèves pour les motiver à l'étude ? Et que faire des questions religieuses introduites à l'école par les élèves ?
Ces interrogations contemporaines, et d'autres, trouvent déjà des réponses dans les écrits de Gauthey. Mais qui se souvient encore de lui ?
Cet ancien pasteur de Pestalozzi est devenu un pédagogue, voulant transmettre à tous l'amour de l'école et le bonheur d'apprendre. Premier directeur de l'École normale du Canton de Vaud en Suisse, puis de celle de Courbevoie en région parisienne pour la Société pour l'encouragement de l'instruction des protestants de France, Gauthey était un protestant réformé, gagné par « l'esprit et les idées » du Réveil de Genève. C'est à la fois en théologien et en pédagogue qu'il a bâti une théorie de l'éducation engageant le développement de l'homme dans sa complétude, et où le religieux « non confessionnel » et sans « rites » avait toute sa place. Il tord ainsi le cou aux idées reçues selon lesquelles les protestants étaient tous favorables, « par nature », à une forme de « laïcité exclusive », et tous les fervent promoteurs des lois Ferry, celles même qui, en 1881-1882, ont scellé la séparation entre l'Église et l'École en France, et rendu l'école obligatoire et gratuite.
Celui qui devance par sa pratique pédagogique les promoteurs de la « pédagogie différenciée », comme de ceux de la « pédagogie de la maîtrise », méritait bien cette présentation qui restitue aux enseignants de France une part de leur héritage oublié.