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Louis XIII
Voici la cinquième tragédie en vers de Jean Hautepierre, et sa première consacrée à l'Histoire de France. Son objectif principal de mettre la poésie sur scène n'exclut pas une réflexion sur différents thèmes d'ordre politique et philosophique, dont la question du Roi juste et ce qu'elle peut signifier dans le contexte d'évolution profonde de la monarchie française au XVIIe siècle.
On a dit de Louis XIII qu'il avait toutes les vertus, sauf celle de les rendre aimables. La force de ce prince fut en tout cas d'être conscient de ses propres faiblesses. Au coeur de cette pièce est la tension entre l'homme et le Roi, qui se côtoient et luttent au sein de la même personne. Face à la conspiration de son favori, le marquis de Cinq-Mars, cette incertitude suprême se résout chez Louis XIII par une décision qui le conduit, comme il l'a fait tout au long de son destin de roi, à aller au-delà de lui-même :
Je fus choisi par Dieu, je porte la couronne
Et nul n'est plus sacré, plus grand que ma personne ;
Cet honneur est terrible et j'en connais le prix ;
Il n'appartient qu'au Roi et non pas à Louis.
Oui, je sais plus que tout que mon devoir suprême
Est, quel qu'en soit le prix, de m'oublier moi-même,
Et ce n'est qu'au travers de ce suprême oubli
Qu'un peuple tout entier connaît ce que je suis.
Entre la lame du glaive et le cou d'Henri de Cinq-Mars, il ne reste plus que la grâce de Louis le Juste. Sans doute celui qui tranche ainsi n'a-t-il quelque légitimité poulie faire que s'il en prend sincèrement la responsabilité devant Dieu et devant l'Histoire, et s'il ressent une profonde souffrance du malheur qu'il doit lui-même provoquer : tel fut le cas de Louis XIII.