Louison la douce
Année 1870, plaine de la Beauce. La guerre fait rage entre soldats prussiens et français. Au château communal transformé en hôpital de campagne, la marquise du lieu remarque la jeune Louison. Bienveillante, instruite et habile, elle serait bien plus utile aux soins des blessés qu'aux pénibles travaux des champs. Lorsqu'un jour elle aperçoit sur le champ de bataille un soldat ennemi vacillant, Louison doit faire un choix crucial : l'abandonner ou le ramener au château...
La douce Louison parviendra-t-elle à ranimer les souvenirs perdus de ce soldat amnésique ?
Ils s'engagèrent sur la route et longèrent la dernière grange éventrée. Au moment où ils dépassaient le bâtiment en ruine, une silhouette fragile, debout, vacillante, tel un fantôme au visage blanc, émergea de derrière un pan de mur. L'homme était muet. Il avait le crâne nu et ensanglanté. Il fixait Louison qui continuait à marcher à reculons. Il leva faiblement la main, ce qui fit glisser la pelisse bleue posée sur ses épaules et découvrit une veste à l'épaule maculée de sang. Sans doute n'avait-il pas la force de prononcer la moindre parole, mais la main était implorante.
Louison ferma les yeux. « Oui ? Non ? » L'éclair d'un instant, elle eut le sentiment de tenir la vie de cet homme entre ses mains.
Avant même qu'Édouard se rende compte de ce qui se passait dans son dos, Louison se précipita vers le blessé, agrippa le tissu de l'uniforme et ramena le soldat vers la charrette en le soutenant par le bras.