Tu le sais, loup, les nuits, quand ta lucidité te tient éveillé, que tu ne crois plus aux révolutions qui ont été perverties, détournées, bureaucratisées, ton pessimisme t'a détourné de la voie collective, tu trouves ton salut dans la métamorphose, ton couple est solitaire. Tu le vois, loup, les hommes te déçoivent, trop de bruit, trop de mots, trop de discours, trop de tout, tu le sens, loup, tu longes parfois leurs maisons, tu t'approches pour les écouter, mais tu es dégoûté de les voir, ils mangent ta terre, ils dévorent tes herbes, ils incendient les forêts, ils sont sans scrupules, sans gêne, ils ont leur police, ils répriment, enferment, enlèvent, torturent, tu le sais, loup, cela ne te va pas, cela ne te convient pas, alors tu t'éloignes, tu marques tes distances, tu effaces tes empruntes, tu lèches le sang de tes blessures. Ils se croient chez eux. Ce sont eux les prédateurs !