L'intériorité et l'expression de l'intériorité occupent une place significative en
philosophie. Au cours des dix dernières années de sa vie, Wittgenstein leur a
consacré une large part de ses réflexions en s'engageant dans des voies inattendues
qui rompent avec les présupposés ordinaires et s'ouvrent sur des perspectives
inédites dont ses remarques sur la «philosophie de la psychologie» constituent le
centre. Mais l'intérêt de Wittgenstein pour l'intériorité vise moins à en prononcer
la liquidation qu'à la débarrasser des confusions qui en obscurcissent le sens et
à mieux en dessiner le visage. L'intériorité, qui peut être une sorte de maladie,
douce ou terrible, insidieuse, attrayante ou repoussante, est comme la face visible
de notre langage et de notre vie dans ce qui les fait nôtres, les soustrayant ainsi à
l'indifférence, à la monotonie et par conséquent à la mort.
Cet essai sur Wittgenstein et la philosophie de la psychologie explore cette partie
de son oeuvre en s'efforçant d'en saisir la portée pour une partie des questions qui
se posent aujourd'hui en esthétique, voire en éthique, ainsi qu'en philosophie du
langage et de l'esprit.