Dans le sillage du coup d'État du 2 décembre 1851, des républicains épris des idéaux de
la Révolution française rêvent d'instaurer une véritable démocratie. Un jeune utopiste du nom
de Jean Macé lance alors un appel à la mobilisation citoyenne pour «lutter contre l'ignorance».
Ainsi naît en 1866 la Ligue de l'enseignement. Prônant une école obligatoire, gratuite et laïque,
ce mouvement d'éducation populaire s'étend rapidement à tout le territoire, porté par un
imaginaire républicain fécond. Ses fondateurs vont inspirer des lois dont l'actualité ne s'est
jamais démentie : celles de 1881 et 1882 sur l'école, de 1901 sur les associations, de 1905 sur la
séparation de l'Église et de l'État. Forte de ses milliers d'enseignants et militants associatifs, la
Ligue élargit le périmètre scolaire en organisant à grande échelle aussi bien la pratique sportive
que l'éducation artistique et citoyenne (ciné-clubs, colonies de vacances, auberges de jeunesse,
séjours culturels à l'étranger, accueil de réfugiés, cercles Condorcet...).
Aujourd'hui, si la Ligue de l'enseignement n'échappe pas à la crise de confiance qui
s'est installée entre le pouvoir politique et la société civile, elle résiste cependant. En effet, quel
mouvement citoyen peut se prévaloir, 150 ans après sa naissance, de réunir encore près de deux
millions d'adhérents ?
C'est donc tout un pan méconnu de l'histoire de notre République qui est ici raconté,
grâce à des documents rares provenant des Archives nationales et des contributions inédites de
penseurs et écrivains contemporains.