Être pleinement de son époque
empêche de fixer son regard sur
elle pour mieux la saisir. Le
présent est devenu si envahissant...
La crise que nous traversons ne
s'accompagne d'aucune alternative.
Comment la raconter, cette crise ?
Elle ne porte pas de nom.
Instrument de gouvernance et de
normalisation en même temps que
principe dialectique, la crise
cherche toujours à instaurer sa
raison supérieure. On fait semblant
d'adhérer au présent, mais une
naïveté sincère et grave, une
candeur extrêmement sérieuse ont
disparu. Et pourtant, au fond ça
résiste encore un peu. Au vent de
l'éventuel, l'utopie reste un
sentiment plus partagé qu'on ne
pourrait le croire. Il en va de même
de tout ce lexique médiatique de
l'altérité ou de l'alternative, d'un
autre monde à la politique
autrement, en passant par une
autre Europe...
Les hommes font l'Histoire parce
qu'ils ne cessent de se raconter
des histoires face aux injures que
le monde comme il va ne cesse de
lancer à ce qui y a été rêvé.
Depuis la chute des utopies,
l'architecture se développe,
incertaine et contradictoire, dans
toutes les directions. Elle est
éblouie par la lumière des projets
produits à la chaîne par des
"starchitectes" dessinant une ville
globalement faite d'exceptions au
point d'en devenir homogène. Et
cette grande bousculade d'idées
approximatives de dessiner une
métropole froide gouvernée
souterrainement par le chiffre et
les statistiques.