«Je suis un curieux vertébré qui imagine se faire un monde, une
maison avec des mots qui ne seraient même pas les siens. Parce
que certains voudraient que les mots aussi aient leurs appartenances.
Et les mots se laissent avoir, se laissent enfermer dans
des enclos. Ils se mettent dans toutes les bouches, s'épuisent
à toutes les besognes comme si un ressort avait dû céder dans
la langue.
Mais je crois au verbe, à la force instituante de la parole.
L'essentiel serait de retrouver le ressort cassé, le lien fondateur
entre le mot et nos êtres. Pour parvenir, un jour, à ce mot
qui nous refonderait, nous pousserait à exister pleinement,
avec qui et où que l'on soit.»