Ma vie à Saint-Domingue raconte une histoire, des histoires.
D'abord celle de Toussaint Louverture, génial stratège
et héros de la révolte des esclaves dans l'ancienne colonie
française de Saint-Domingue, aujourd'hui République
d'Haïti, et que Napoléon fit déporter et emprisonner au fort
de Joux où il mourut de froid et de maladie le 7 avril 1802.
Celle aussi de ses enfants, Isaac et Placide, qui furent un
temps les hôtes de la France (qui les accueillit comme élèves
dans son Institution Nationale des Colonies) avant
d'y revenir, six ans plus tard, contraints et forcés, assignés
à résidence, au moment de l'arrestation de leur père.
Celle de Déguénou, le père de Toussaint, capturé en Afrique
et vendu comme esclave. Celle d'Aimé-Benjamin Fleuriau
parti de La Rochelle et devenu planteur
à la Croix-des-Bouquets, près de Port-au-Prince.
À tous ces destins et d'autres encore se mêlent les propres
souvenirs de l'auteur dans un système de réminiscences qui
entrent en résonance avec l'histoire qu'il s'efforce de mettre
au jour afin, nous dit-il, de se la réapproprier, comme si on l'en
avait préalablement privé. Car si - dans les circonstances
dramatiques qui continuent de frapper Haïti - le projecteur
a été soudain braqué sur ce pays, son histoire et les liens
particuliers qui l'unirent jadis à la France sont encore trop
méconnus. De ce manque ressenti est donc né un petit livre
qui n'est en rien celui d'un historien mais plutôt celui d'un
voyageur curieux qui aurait provisoirement choisi d'explorer
le temps plutôt que l'espace.