Une femme jeune et jolie – elle s'appelle Grethe, elle est charcutière à Francfort –, mal mariée, se laisse séduire par un étranger de passage. Elle quitte mari et travail pour suivre dans un vagabondage bientôt dangereux sur les routes d'Allemagne. Elle a cru comprendre qu'il s'appelle Martin Heidegger, mais ce nom d'un penseur célèbre lui est presque inconnu, et ce n'est d'ailleurs pas pour ses leçons de philosophie sur le tas qu'elle est si profondément attachée à l'étranger, mais parce qu'elle a grâce à lui découvert son corps et son Moi, sa sexualité et la plus troublante de toutes les idées, celle de liberté. C'est-à-dire de la plus cruelle sincérité. Élève et maîtresse, cete femme devient la disciple idéale.
L'innocence et la sincérité enclenchent une machine infernale. Le crime scelle l'union du couple, devenu sulfureux, et la recherche frénétique de la jouissance et de la liberté met en marche le dernier rouage, qui est celui de la mort.
Le récit qu'en fait elle-même la jeune femme est direct, nu, précis. Est-elle coupable, ou bien victime de son professeur ? Et qu'est-ce qu'alors que la culpabilité ? Ne serait-ce que la vulnérabilité aux idées ?
Ma vie amoureuse et criminelle avec Martin Heidegger pourrait n'être qu'un témoignage sur un fait divers virtuel ; c'est un roman. Ce pourrait-n'être qu'un roman ; c'est une moralité exemplaire.