Macario
« L'homme en os tendit la bouteille à Macario.
"Le liquide que contient cette gourde fera de toi le plus grand médecin du siècle. Une goutte, même infime, de cette potion suffit à guérir n'importe quelle maladie, y compris celles qui sont réputées incurables et mortelles. Mais souviens-toi bien que, lorsque la dernière goutte aura été versée, tu auras perdu tes dons de guérisseur.
- Je ne sais pas si je dois accepter ce présent, avoua Macario. Vois-tu, compadre, je suis heureux, à ma manière. Il est vrai que j'ai eu faim toute ma vie, et que je me suis échiné sans cesse pour survivre. Mais c'est ainsi que vivent les gens de ma condition." »
C'est d'un conte folklorique allemand, La Mort marraine, à peine enjolivé par les frères Grimm (ici reproduit en annexe), que le romancier B. Traven (1882-1969) a tiré Macario en 1950, transposant la fable morale au Mexique, en un temps où cette vaste contrée se nommait Nouvelle-Espagne et gémissait sous le joug colonial.
Un petit bijou oublié de l'auteur du Trésor de la Sierra Madre.