Rencontrer le sujet de mon reportage m'a filé une décharge d'adrénaline. Le finaliste dans la course au titre de Personnalité de l'année pour Time Magazine. Le général, commandant des opérations de la guerre la plus importante qui se déroulait dans le monde. Stanley McChrystal, alias Big Stany le Pape, le COMISAF (le commandant des forces internationales d'assistance et de sécurité), le Boss, M4
(carabine militaire des Forces
spéciales américaines), Stan,
général McChrystal, Sir.
Une « rock star », comme ses
hommes aimaient l'appeler.
Duncan a fait les présentations.
« Michael écrit un article pour
Rolling Stone », a-t-il dit.
« Je vous remercie de m'avoir
invité à me joindre à vous,
c'est un vrai privilège, ai-je dit.
- Le contenu de l'article ne
m'intéresse pas, a répliqué
McChrystal. Mettez ma photo
en couverture. »
Tout commence en 2010 quand Michael Hastings, alors
reporter pour Rolling Stone, publie un article qui fera l'effet
d'une bombe : « The Runaway General », le portrait au
vitriol du général Stanley McChrystal, commandant des
forces armées en Afghanistan. Sans filtre, il revendique
sans ménagement son mépris pour le président Obama
et son administration. Arrogant, égocentrique, ce qu'il
convoite avant tout c'est de faire la une du magazine -
et pourquoi pas aux côtés d'une Lady Gaga, tant qu'il fait
les gros titres. Loin d'imaginer les conséquences de cette
célébrité soudaine, McChrystal est tout bonnement éjecté
manu militari par son commander in chief humilié et inquiet
de ses élucubrations fantasques. Machine de guerre débute
à l'endroit même où s'arrête la carrière du général : dans
les rangs d'une armée déboussolée et d'un conflit englué
et voué à l'échec. Avec une plume et un regard affutés,
Michael Hastings nous livre le récit de cette guerre sans
fin : officiers mégalos, scènes orgiaques, manipulations
des drones et des stratégies militaires, rien n'est passé
sous silence - pour le meilleur et surtout pour le pire.