Madame Acarie (1566-1618)
Mystique, politique et société au lendemain des guerres de Religion
Barbe Avrillot, épouse Acarie, est considérée à juste titre comme l'instigatrice, avec Pierre de Bérulle, de l'implantation en France de l'Ordre du Carmel, réformé par Thérèse d'Avila. Ce projet religieux s'inscrit à la fois dans l'histoire personnelle et familiale de « madame Acarie » - comme les historiens ont pris l'habitude de l'appeler - et dans le contexte de pacification religieuse et de réconciliation politique propre au règne d'Henri IV. Fille des guerres de Religion, mariée à un protagoniste de la Ligue, Barbe Avrillot contribue puissamment, dans les années qui suivent ledit de Nantes (1598), à convertir le combat armé des ligueurs contre les huguenots en un combat spirituel, voire mystique, par les armes de la prière et de l'ascèse. Elle mobilise son influent réseau d'amis, habitués pour la plupart de son hôtel du Marais à Paris, pour faire venir en France en 1604, non sans difficultés, un petit groupe de carmélites formées à l'école de Thérèse d'Avila. Devenue veuve, elle entre dix ans plus tard, en 1614, au carmel d'Amiens et y devient soeur converse sous le nom de Marie de l'Incarnation. Déplacée au monastère de Pontoise, elle y meurt en 1618. Elle est béatifiée sous le pontificat de Pie VI, en 1791, alors que le conflit s'envenime entre le Saint-Siège et la France révolutionnaire.