Qui était Katia Pringsheim ? L'enfant gâté d'une famille juive de
la grande bourgeoisie. L'une des premières étudiantes à s'inscrire en
1901 à l'université de Munich. La fille d'Alfred et Hedwig
Pringsheim, cultivés et libéraux, qui recevaient le tout Munich
intellectuel et artistique dans leur hôtel particulier de la Arcisstrasse.
La fiancée indécise que Thomas Mann, futur prix Nobel de
littérature, avait décidé d'épouser.
Devenue la femme du «plus grand écrivain allemand de son
temps», qui fut Katia Mann ? La collaboratrice indispensable, qui
veillait sur le confort du «Magicien», négociait les contrats, tapait
les manuscrits, élevait six enfants doués mais difficiles avant
d'organiser, en 1933, l'exil de la famille, d'abord en Suisse puis en
Amérique. Un exil doré certes mais une rude tâche aussi, car il fallait
protéger la tranquillité de l'écrivain, arbitrer les différends politiques
entre les deux aînés, Erika et Klaus, et leur père, recevoir amis et
admirateurs, aider des intellectuels allemands fuyant le nazisme.
Une femme accomplie donc, Mme Thomas Mann. Certes, mais à
la force du poignet, accueillant honneurs et déboires, bonheurs et
deuils avec le même sang-froid et cet humour incisif qui était sa
façon d'aimer la vie.