« 'Bienvenue avec vos tout petits défauts et vos très grandes qualités' nous dit d'emblée Henri Emmanuelli tandis que nous sommes assis dans son grand canapé de cuir noir. Il nous semble alors que 'nos grandes qualités' font allusion à notre militantisme reconnu et nos 'petits défauts' au fait que le mot trotskiste clignote encore en lettres rouges sur notre front. » Le 6 septembre 1994, le premier secrétaire du PS accueille le courant de Gérard Filoche, issu de la Ligue Communiste Révolutionnaire, groupé autour de sa revue Démocratie & Socialisme. Ils vont participer pendant 25 ans, en pointe, à l'animation de l'une des composantes vitales du Parti Socialiste, la Gauche socialiste. À la fois courant du parti et courant de la société, la Gauche socialiste va écrire l'histoire, celle du salariat, celle de novembre-décembre 1995, celle des 35 heures, celle du contrôle des licenciements, celle du « non » au Traité constitutionnel européen, celle des grèves et luttes de masse pour la défense de la retraite à 60 ans à taux plein, celle de la défense du Code du travail, « un droit intime fait de sueur et de sang, de luttes et de larmes ».
Gérard Filoche, après avoir, dans un premier tome de mémoires, relaté les années autour de mai 68, retrace ici avec minutie et panache 25 années de vie politique et de mobilisations sociales, de toute la gauche et du PS, depuis les espoirs des années Jospin jusqu'à la tragédie du quinquennat maudit du gouvernement Hollande-Valls. C'est un récit lyrique parcouru de révélations, sur tous les congrès et les dessous du Bureau national pendant un quart de siècle : il permet de mieux comprendre la vraie nature du PS et sa place réelle dans les luttes de classes du pays.
L'ancien inspecteur du travail rend compte avec fougue et précision de tous ses engagements et ceux de ses camarades : on y découvre réussites et échecs, opiniâtreté et sincérité, un militantisme assurément désintéressé et courageux. Une expérience qui vise à reconstruire une grande maison commune de la gauche unie, pluraliste, démocratique, sur un vrai programme de transformation sociale.
De mai 68 à nos jours, cette histoire est sans fin...