Ce pourrait être l'histoire d'un seul, celui qui nous dit JE au présent du verbe de ce 10 Mai 68 où de retour d'Allemagne il surprend sa main qui dépave et ce seul qui nous parle alors deviendrait foule.
Ce pourrait être celui qui se fait courser par une brigade de frelons en uniformes et qui trouvant refuge chez une bien belle allemande au blond pubis de velours comprendrait par une « nuit d'émeute et d'amour » qu'une autre révolution est alors pour lui en cours.
Ce pourrait être le rêve d'un Quichotte rencontrant des mercenaires katangais perdus dans les sous-sols de la Sorbonne et il lui faudra alors admettre que les moulins à vent sont des béquilles qu'un mendiant aveugle fait tournoyer dans le vide.
Ce pourrait être tout cela ce théâtre d'un seul, mais ce Je écorché et à vif se sait cinq décennies après le même et un autre que lui et voilà pourquoi il nous délivre un monologue à plusieurs voix dont un Il qui, de sa table de travail et avec sa lampe qui grésille ou éblouit c'est selon, écoute accompagne ou chicane ce que Je nous dit.
(Extrait de la préface de Joël Jouanneau.)