Ce livre examine chez les Anciens, chez les Allemands depuis Kant
jusqu'à Husserl, Heidegger et leurs élèves, et aussi chez les Français qui se
réclamèrent de la phénoménologie, la manière dont les penseurs interprètent
les oeuvres poétiques, artistiques et philosophiques qui les
interpellent. Cet examen vise à mettre en lumière les enjeux de telle ou
telle manière d'interpréter, autrement dit de telle ou telle pratique herméneutique,
considérée dans ce qu'elle reprend à son compte, dans ce qu'elle
sélectionne, dans ce qu'elle majore et dans ce qu'elle néglige ou rejette.
Il s'avère à l'analyse que ces enjeux ont une charge éthique et politique
importante. En effet, le livre montre que, depuis La République de Platon
et sa parabole de la Caverne jusqu'au mouvement phénoménologique,
l'herméneutique dans son exercice et sa conception est partagée entre
deux pôles. Dans l'un, l'interprète s'attribue le privilège d'une vue ultime
à laquelle le commun des humains ne peut accéder, dans l'autre l'interprète
refuse ce privilège et s'assigne pour tâche de se mettre autant que
possible à l'écoute d'autrui.
Par le titre de son ouvrage, l'auteur entend suggérer que cette polarité
entre la figure du philosophe-roi et celle du philosophe-citoyen se reproduit
sous des guises diverses au fil des siècles.