Comment peut-on être matrilinéaire ? Comment vivre dans une société où la filiation et les biens passent uniquement par les femmes ? Comment les hommes s'accommodent-ils de la résidence du couple chez l'épouse ?
Dans l'archipel des Comores, l'île de Ngazidja (Grande Comore) révèle des situations inédites où la matrilinéarité s'entremêle avec des principes contraires. La société est musulmane, les grandes fêtes de l'islam rythment le calendrier, le mariage est contracté devant le cadi. Et grâce au système d'âge d'origine africaine, les hommes s'organisent en une assemblée politique qui gouverne la cité.
Ce foisonnement d'institutions permet de repenser l'énigme matrilinéaire au regard du Grand mariage. Prestigieux mais décrié pour le montant des dépenses engagées et l'ampleur de ses fêtes, à la fois désiré et craint par les Comoriens, le Grand mariage est une étape charnière dans le devenir des individus et une clé pour la dynamique et la reproduction sociales.
Les maisons des femmes s'y articulent aux cités des hommes : ces institutions se renforcent mutuellement et nourrissent des échanges qui agissent jusque dans la migration en France, entreprise bien souvent pour honorer les obligations du Grand mariage.
Au travers des parcours des hommes et des femmes en route vers leur accomplissement, l'ouvrage dévoile aussi la temporalité propre à cette société. L'éclairage porté sur Ngazidja jette une lumière nouvelle sur l'archipel des Comores et sa culture singulière désormais arrimée aux nouveaux rivages de la mondialisation.