De nos jours, brosser le portrait de la théorie des ouvertures, c'est entreprendre une vaste fresque où le soin apporté à la composition d'ensemble ne doit pas sacrifier le souci du détail. Pour relever ce défi, l'important est de mettre au premier plan les débuts qui se prêtent le mieux à une approche conceptuelle, dont la logique recoupe celle d'autres ouvertures et peut guider le joueur dans des situations variées.
En comparaison avec les systèmes issus de 1.e4 ou 1.d4, le complexe de l'ouverture Anglaise (1.c4) se caractérise justement par un jeu où la compréhension des idées générales est incontournable, dans la mesure où le contact direct entre les forces des deux camps intervient un peu plus tard, ce qui limite les possibilités tactiques. De plus, les transpositions sont si abondantes qu'il est très facile de se perdre dans le labyrinthe des variantes si l'on s'en remet trop à leur mémorisation.
Ce troisième volume de l'oeuvre de John Watson est entièrement consacré à l'Anglaise, dont il est depuis longtemps un spécialiste reconnu. Profitant de ce que 1.c4 est un peu moins populaire que 1.e4 ou 1.d4, l'auteur couvre pratiquement toutes les variantes, souvent de façon assez approfondie pour que le lecteur puisse construire tout un répertoire. Il approfondit au passage des notions dégagées dans les deux premiers volumes, comme par exemple la « pollinisation croisée » entre les ouvertures, et, entre autres leçons de portée générale, la comparaison de systèmes « inversés » permet d'appréhender finement la signification du temps aux échecs. En montrant toute la richesse - souvent méconnue - de l'ouverture anglaise, ce livre complète idéalement l'excellente introduction que reste l'Anglaise expliquée, de Zenón Franco.
Maîtriser les ouvertures s'adresse à tous ceux qui connaissent les règles du jeu et ont envie de progresser, du débutant au maître. Ce n'est pas une encyclopédie, ce n'est pas un répertoire, mais c'est sans doute le plus important livre d'ouverture depuis bien longtemps.