« L'attente était une maladie éreintante, progressive, qui vous prenait à la gorge, vous la serrait, serrait. Il vous venait cette idée : vous n'alliez pas mourir, peut-être, mais vous ne vivriez jamais plus comme avant. Voilà, cette lente, interminable pluie avait changé la perspective des choses : votre existence ne serait plus la même, jamais plus, parce que maintenant la vie à venir était conditionnée par l'eau qui tombait, tombait, par l'eau qui arrêtait les voitures dans les rues, l'eau que les égouts régurgitaient vers le bas, sur les pentes de la colline et vers la mer, et des vagues enflaient, venant heurter les amarres, et il faut dire aussi qu'au deuxième jour on se rendit compte, ou du moins on commença à comprendre : il ne s'agissait peut-être pas de la pluie des autres années, des autres mois, peut-être cette pluie-là, maintenant, venait-elle de très loin. »
Malacqua
Écrit en 1976 et publié l'année suivante avec succès sur un avis enthousiaste d'Italo Calvino, puis jamais reparu par volonté de son auteur, Malacqua est devenu un livre culte, finalement réédité en 2013, un an après la mort de Nicola Pugliese.
Dans les faits, Malacqua est la chronique de quatre jours de pluie ininterrompue. Mais le mauvais temps ne provoque pas seulement des effondrements et des glissements de terrain. Dans l'incertitude hostile provoquée par le déluge, des faits étranges se multiplient, prennent corps des présages et de sombres avertissements... La peur crée alors l'attente d'un
événement extraordinaire, irrationnel, capable de changer les perspectives même de l'existence.
Au centre d'une formidable galerie de personnages, portée par une écriture obsédante et un esprit souvent mordant, Naples est le vrai protagoniste de Malacqua, certainement un des romans les plus envoûtants jamais écrits sur cette ville.