À l'âge d'Internet, face à la société actuelle de contrôle, armée de cyborgs, de microchips, de dispositifs technoscientifiques toujours plus sophistiqués, n'est-il pas nécessaire aujourd'hui de faire « retour à Freud » ? L'inconscient, cette machine à rêver, ne constitue-t-elle pas le dernier rempart de résistance face aux nouveaux panoptiques et au discours qui les gouvernent, le discours des marchés ?
Pour autant, dénoncer « la » technologie serait oublier que l'espèce humaine, par la grâce du langage, a toujours été technologique : l'Histoire de l'humanité est d'abord une histoire des techniques. Mais lorsque le nombre et le calcul semblent tout dominer, et que les machines interconnectées en réseau font de chaque individu un « terminal », un sujet « prédictible », la psychanalyse invite à opposer, comme antidote, une autre scène inventée par Freud : le dispositif analytique.
Car si le maître a changé de visage, de nom et d'outil en même temps qu'il multiplie ses prothèses, le discours psychanalytique reste « l'envers du discours du maître » (Lacan), l'écoute de la voix de l'inconscient, qui est avant tout résistance et chemin pour dépasser la censure. Pour résister aux maîtres.