La scène artistique de Malevitch déploie un extraordinaire débat du peintre avec l'image tour à tour remodelée de mille façons selon l'exigence du «transfiguratif», puis exorcisée et abolie au profit du Suprématisme non-figuratif absolu, enfin retrouvée et réexplorée autrement. Une telle scène, matricielle peut-être d'un des débats fondamentaux qui traversent tout notre siècle, n'est-elle pas aussi une «réplique», certes jalousement originale et inaliénable, donnée à l'originelle «querelle des Images» ? En quels sens, donc, pourrait-on dire qu'entre l'art de l'icône, revisité dans ses relations complexes avec l'exigence iconoclaste, et le parcours pictural de Malevitch, des homologies et un dialogue délicats s'établissent ? Et, à examiner d'après ces questions l'œuvre de Malevitch, n'a-t-on pas chance de déceler et éclairer ce qui la constitue en pluriel cohérent ?