Management des entreprises et santé des salariés
Cet ouvrage explore la relation entre deux modèles opposés de gestion des ressources humaines et l'état de santé des salariés à travers l'impact du climat social. Le thème de l'environnement, étroitement lié à la prévention, ne fait plus figure d'exception en matière sanitaire. La spécificité de la présente étude consiste à retenir la notion de nuisance environnementale suivant une dimension relationnelle, c'est-à-dire psycho-sociale, et non matérielle. La dangerosité ergonomique des postes de travail, l'exposition aux intempéries ou au bruit, la toxicité des solvants ou les projections de poussières évoquent traditionnellement les interactions entre la personne et son milieu de travail. Mais, tous ces facteurs matériels de nocivité ne sont abordés, ici, que sous l'angle complémentaire de leur lien aux relations de travail régnant dans l'entreprise, et plus précisément au caractère plus ou moins ouvert à l'animation et au dialogue social de la « gouvernance ».
Depuis 2000, l'Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail admet que parmi les conditions déterminant le risque de stress au travail, « la participation insuffisante à la prise de décision et le manque de contrôle sur le travail font également partie du contexte et peuvent être considérés comme un problème d'organisation plus général ». Divers facteurs psycho-sociaux comme les conflits de rôles, l'ambiguïté ou l'imprécision de la définition des responsabilités au sein de l'organisation, les relations interpersonnelles délétères, l'isolement social ou physique et les mauvais rapports avec les supérieurs sont autant de causes de stress au travail. Or, ces caractéristiques appartiennent au contexte du travail et non au contenu du travail. Appréhender les formes de pouvoir dans l'entreprise comme un facteur révélateur des disparités de santé renvoie à cette question sous-jacente : dans quelle mesure des salariés sont-ils conduits à se saisir du médical comme instrument de médiation sociale ? Une réalité à laquelle les médecins du travail sont régulièrement confrontés. Cela renvoie, aussi, à cette autre question primordiale : dans quelle mesure certains types de situations relationnelles dans la conduite des rouages de l'entreprise génèrent-ils pour les salariés des risques réels de pathologie ou d'accident ? Question cruciale mais ô combien sensible...