Martyr de la poésie qui paya son oeuvre de sa vie, Ossip Mandelstam (1891-1938) apparaît aujourd'hui comme un mythe de la littérature du XXe siècle.
La biographie de Ralph Dutli, traducteur en allemand des oeuvres complètes de Mandelstam, permet de découvrir le poète à travers le récit captivant de son existence errante, de plus en plus persécutée, dans une époque cruelle avec laquelle il était trop honnête, trop épris de liberté, pour se réconcilier jamais. Un homme jusqu'à son dernier souffle âprement attaché à la vie, perpétuellement amoureux, habité par la « rage littéraire », la volonté d'opposer à la tenaille du stalinisme les seules armes de la langue et de la culture, « la parole bienheureuse et insensée » de la poésie. Les poèmes, les proses, les essais n'étant jamais dissociés des événements de cette existence, ce livre donne accès, peu à peu, à travers les nombreuses citations qui ponctuent le récit, à cette oeuvre d'une beauté et d'une force indicibles.
En me privant des mers et de l'élan et de l'aile
En donnant à mon pied l'assise de la terre violente,
Qu'avez-vous obtenu ? Brillant calcul :
Vous ne m'avez pas pris ces lèvres qui remuent.
« Un merveilleux poète, le plus grand de tous ceux qui ont tenté de survivre sous le pouvoir soviétique... »
Vladimir Nabokov
« Mandelstam : rarement j'ai eu, comme avec sa poésie, le sentiment de cheminer - de cheminer aux côtés de l'irréfutable et du vrai, et ce, grâce à lui. »
Paul Celan
« Léger, intelligent, spirituel, élégant, voire même exquis, joyeux, sensuel, perpétuellement amoureux, honnête, clairvoyant et heureux, même dans les ténèbres de sa maladie nerveuse et de l'horreur politique, juvénile, ou même presque gamin, saugrenu et cultivé, fidèle et inventif, souriant et endurant, Mandelstam nous a offert l'une des oeuvres les plus heureuses du siècle... »
Pier Paolo Pasolini