Mandorla de Paul Celan. Ou l'épreuve de la prophétie
Les pratiques prophétiques des Anciens avaient un rôle à jouer en temps de crise. Leurs récits poétiques apportaient aux hommes une lanterne pour les guider dans l'obscurité. Tout cela a disparu au profit d'une poésie désincarnée, réputée
inutile et élitiste. Nous sommes les héritiers d'une conception de la poésie privée de ses fonctions vitales d'antidote à la
violence et de consolation face au désespoir. Nous sommes aujourd'hui orphelins de cet art. Incapables de lui reconnaître une dimension éthique et un rôle politique, pourtant essentiels.
Mandorla invite à explorer ces usages perdus de la poésie. Elle nous donne le courage de la lucidité et la force de l'imagination. Elle nous invite à emprunter la voie oblique de l'utopie. C'est l'épreuve de la prophétie.
La beauté d'un texte s'éprouve, c'est une aventure dont la jouissance tient à la magie du style. Cette collection
se réfère à Léo Spitzer, l'auteur d'Études de style, dont la critique se réclame d'une lecture obstinée et confiante de l'oeuvre.
Un auteur (critique littéraire ou non) analyse une pièce d'étude, poème ou court chapitre, qu'il a goûtée avec passion. Il revient sur cette expérience et mène l'enquête, il interroge les mots, le rythme, la musicalité de la phrase, de la syntaxe ; il tente de déchiffrer l'énigme d'un style porté à incandescence.