Nelson Goodman, l'un des plus distingués philosophes
contemporains, est une des grandes figures du renouveau
de l'esthétique par la philosophie analytique.
Dans Manières de faire des mondes, il s'interroge sur la
croyance commune qui voudrait que les ressources de l'artiste
soient plus variées et plus impressionnantes que celles
du scientifique. À l'artiste, les modes de référence, littérale
et non littérale, linguistique et non linguistique, dénotationnelle
et non dénotationnelle, dans la diversité des médias.
Au scientifique, une approche strictement linguistique, littérale
et dénotationnelle. C'est négliger, par exemple, que
la science utilise des instruments analogiques, la métaphore
dans le cas de la mesure par exemple, ou bien encore, qu'en
physique et en astronomie contemporaines elle parle de
charme, d'étrangeté et de trous noirs. Même si le produit
ultime de la science, contrairement à celui de l'art, est une
théorie littérale, verbale ou mathématique, la science et l'art
procèdent de la même façon dans leur recherche et leur
construction.