« La terre est un orbe que les personnages de Marc Petit s'échinent littéralement à traverser. Échine ployée, ils observent le sol et leurs pieds, moins pour comprendre où ils vont que pour savoir d'où ils viennent. Me revient tout à coup cette phrase de leur auteur, dans le grésil du téléphone : « Demain n'existe pas. » Rien de pessimiste, non, ni même de désespéré. Juste l'incandescence des aujourd'huis et des hiers, quand le passé colore le présent. Juste la célébration de la présence, de l'irrésistible présence. Mieux, de l'incarnation. Tout est là, ici et maintenant, ici-bas, ici en bas, en bas sur terre, sur terre et dans la terre.
La Source (2015), Le Souvenir (2015) : nuque inclinée, les êtres s'inclinent vers le mystère des origines, révèrent le passé. Saturniens, ils ne sont jamais inconsolables. Déchus, oubliés, avec leurs silhouettes semblables aux brindilles d'Alberto Giacometti, ces hommes et ces femmes sont les rescapés de la mort, certes, mais aussi de la vie, de l'insoutenable vie qui rend étiques les corps, perdus les regards, efflanqués les désirs. Avec leurs allures de revenants, ces hommes et ces femmes sont revenus. Mais d'où ? De Dachau, du Darfour, de leurs rêves, de leurs espoirs, de tout ? Non, des faux-semblants. »
Colin Lemoine