Proust s'est montré curieux de la vie des écrivains et des artistes qu'il aimait, interrogeant sur ses contemporains ou lisant des biographies, des correspondances, de Balzac et Ruskin à Musset et Sainte-Beuve. Il a lui-même fait comprendre une fonction de la biographie : dire «pourquoi ?», «comment ?», et pas seulement «quoi ?»
Il ne s'agit plus de description, mais d'expérience intérieure, celle qui sera transformée en littérature et en personnages de roman. La biographie ne raconte pas «un vague roman tout préfabriqué», mais la source du roman, ce qui l'a rendu possible. Elle donne forme à l'informe, unité à la diversité, sens à l'apparence. Elle réentend la voix qui n'est plus, et redonne vie à ce genre disparu, le dialogue des morts - qui est un dialogue avec les vivants.