Rebattre, entre 14 et 18 ans, les cartes
de leurs vies un peu biseautées par des
enfances brisées, c'est le contrat que Seuil,
association atypique en France, propose
à des adolescents égarés, embourbés
dans des conflits familiaux, des bandes ou
des séries de délits qui les ont conduits
dans une impasse ou en prison.
Le contrat proposé est simple et brutal :
marcher un peu moins de 2 000 kilomètres,
sac au dos, pendant trois mois, par tous les
temps et en toutes saisons, dans un pays
étranger. Et avec une contrainte terrible pour
eux : ni musique, ni téléphone, ni internet
pendant 110 jours !
À ce pari fou, une seule règle : c'est le jeune
qui est maître de dire «j'arrête» ou «je
continue». Dans tous les cas, c'est son juge
qui arbitrera.
Ce qu'ils gagnent ? Une place dans la société
qu'ils avaient rejetée.
Douze ans après le premier départ, que sont devenus ces gamins perdus,
ces possibles gibiers de potence ? Attention aux jugements hâtifs. Ceux
qui «ratent» une marche ne ratent pas obligatoirement leur réinsertion
et ceux qui font une rechute ne ratent pas nécessairement leur vie. Pour
savoir, il fallait les revoir, ceux qui ont «réussi» et ceux qui ont «échoué».