Marguerite Yourcenar a construit son oeuvre autour de l'idée qu'elle se faisait de l'homme tel qu'il lui fut donné de l'observer. Inlassablement, par l'intermédiaire de ses personnages porte-vois, l'empereur Hadrien, le médecin-philosophe Zénon ou l'«obscur» Nathanaël, ainsi que dans ses confidences épistolaires, elle a montré de quel poids le destin pèse sur le sort des hommes, confrontés aux aléas de la passion, en butte à la désespérante douleur du monde, et troublés par les mystères de l'au-delà.
À Petite Plaisance, sa demeure américaine, «cellule de la connaissance de soi», et au cours de ses nombreux voyages, elle a opté pour une sagesse conciliante, acceptation sereine des faits et du passage du temps, sans défaitisme ni lâcheté. Elle souhaitait par son exemple et par ses écrits «préparer pour demain un monde plus propre et plus pur».