Un beau jour de décembre 875, le tisserand ʿUmar b. Mūsā, épousa Ḥalīma bint Nafīs devant d'illustres témoins de Fusṭāṭ. Quelque six siècles plus tard, au printemps 1411, Dame Fāṭima bint Fatḥ al-Dīn convola en secondes noces avec Ṭūġān, un mamelouk à l'avenir prometteur, et l'accueillit avec sa suite dans son palais de la capitale égyptienne. Les historiens d'aujourd'hui n'en auraient rien su si leurs actes de mariage n'avaient pas résisté au passage du temps, à l'instar de la centaine de pièces documentaires dont Mathieu Tillier et Naïm Vanthieghem offrent pour la première fois l'édition, la traduction et l'étude. Riches ou indigents, libres ou esclaves, les hommes et les femmes d'Égypte médiévale prirent l'habitude, dès le VIIIe siècle au moins, de faire consigner leurs unions par écrit, afin d'en expliciter les clauses et les modalités. Les ruptures par répudiation ou divorce à l'amiable étaient elles aussi confiées au calame des notaires. Les actes inédits ici réunis, s'échelonnant sur les périodes abbasside, fatimide, ayyoubide et mamelouke, ouvrent une fenêtre d'observation unique sur les stratégies matrimoniales, tant dans la capitale que dans les campagnes égyptiennes, sur les relations conjugales, sur les femmes et les hommes du commun comme de l'aristocratie, et sur les normes juridiques qui présidèrent à leurs unions. Après une première partie consacrée à l'édition de ces actes et de pièces annexes, les auteurs offrent une étude générale des pratiques matrimoniales dans l'Égypte médiévale d'après la documentation arabe.