La place des femmes dans la société civile occidentale évolue, et le pape François a pris la mesure de ces bouleversements anthropologiques. Parmi les indices d'un changement d'approche, peut-être faut-il inclure la nouvelle célébration liturgique de Marie de Magdala désormais semblable à celle des apôtres masculins.
Cette modification résonne comme une invitation à se réinterroger sur le rôle de cette « apôtre des apôtres » et à partir de là, sur celui des femmes.
Une première manière de l'aborder consiste en un retour vers l'Écriture afin de réinvestir les témoignages féminins dans l'entourage de Jésus puisque Marie de Magdala y tient une place non négligeable. Thomas d'Aquin ne dit-il pas d'elle dans son Commentaire sur l'Évangile de saint Jean : « Il faut noter ici le triple privilège qui fut octroyé à Madeleine. D'abord un privilège prophétique, car elle a mérité de voir les anges ; [...] Ensuite elle est au-dessus des anges, du fait qu'elle voit le Christ sur lequel les anges désirent se pencher. Enfin elle a reçu un rôle apostolique ; bien plus, elle est devenue apôtre des apôtres en ceci qu'il lui fut confié d'annoncer aux disciples la Résurrection du Seigneur. »
Il est temps de sonder ce qualificatif étonnamment affecté à une femme pour laquelle ceux qui le lui attribuent, refusent le titre d'« apôtre ».
Le modèle de Marie de Magdala devient intéressant et fondateur s'il échappe à la caricature qu'en ont faite certains clercs et à leur suite, les arts et la tradition. Car cette posture, telle qu'elle est présentée par l'Évangile de Jean, montre que la voie à suivre n'est plus celle de la passivité et de la soumission, mais au contraire celle du témoignage vivant et de la transmission de la parole, non pas à la place des témoins masculins mais à côté d'eux.