Trois silhouettes dans la foule étudiante.
Trois ombres qui dansent d'étranges ballets chinois qu'ils ne sont pas sûrs, malgré leur agilité d'hypothèses, d'avoir réglé avec tout le soin voulu.
Trois enfants qui aiment la nuit, la ville, le jeu des mots qui se croisent et s'en vont valser sur des musiques manchotes.
Trois lignes mélodiques qui s'enlacent en une petite fugue de vie : où t'en vas-tu ainsi. Marie ?... mais je sais où tu vas, Thomas...
...et la suite des mots qu'on dit, qu'on ne dit pas, qu'on oublie, qu'on répète à tout hasard, les mots qu'on avale goulûment, ceux qu'on jette et qui rebondissent sur le soleil, les discours, les conversations de mecs, les mots écrits et ceux qu'on aurait pu écrire mais voilà, l'affichage sauvage de la conscience qui se cherche, les discrets mots d'adieu sous le pas de la porte, les mots des autres qu'on cite pour mémoire. les mots qui flottent à la surface des lèvres et ne se décident pas, la hache des mots sur le cou des jours de vingt ans, les mots de passe-passe, des mots sans queue ni tête ni rien qui puisse faire supposer que ces gens-là respirent, qu'ils ont un corps plus épais que le papier que vos doigts câlinent, messieurs dames, les mots qui tournent, tournent, tourne-virent, trois petits tours et puis s'en vont.