Descendante du sulfureux marquis de Sade, protectrice des artistes surréalistes et « Lolita » de Cocteau, Marie Laure de Noailles (1902-1970) a vécu un destin exceptionnel. Laurence Benaïm rend hommage à cette inclassable vicomtesse du bizarre.
Née en 1902, issue d'une dynastie de banquiers allemands et de l'aristocratie française, l'extravagante Marie Laure résume les contradictions du siècle. Étrange et iconoclaste, étincelante et généreuse, elle fut à la fois l'enfant qui déchira les lettres que Proust envoyait à sa grand-mère et l'épouse de Charles de Noailles, avec lequel elle confia à Robert Mallet-Stevens la construction d'une villa cubiste à Hyères et à Jean-Michel Frank la décoration de son salon parisien. Cette amie de René Crevel, Christian Bérard, Louis Aragon et Kurt Weill fut aussi la mécène de L'Âge d'or, le film de Buñuel qui fit scandale. Figure incontestée de la « café society », elle fut de bien des querelles artistiques et endura les blessures d'amour jusqu'à sa mort en 1970.