Le martin-pêcheur est, avec le lynx, l'animal qui exerce sur moi la plus grande des fascinations. Si sa parure, teintée d'une touche d'exotisme, est forcément attirante, ses attitudes très ritualisées et son fort caractère le sont tout autant. Par ces multiples attraits, l'animal est devenu pour moi, au cours de plus de 18 ans d'observations passionnantes, le plus fantastique sujet d'étude comportementale qui soit.
A force de côtoyer plusieurs individus de l'espèce de manière régulière, j'ai ainsi appris à distinguer les oiseaux les uns des autres, à connaître l'humeur du jour, mais encore à discerner quel genre de relations ils entretiennent, entre eux d'abord, mais aussi avec les nombreux animaux qu'ils côtoient de près. L'observation de ces vies animales, mais également végétales, m'a appris combien et avec quelle perfection tous ces éléments sont interdépendants et leur cohabitation subtile.
Je dois autre chose, au martin-pêcheur, mais également à bien d'autres espèces animales. A leur contact ou lors des attentes passées à les espérer, ils m'ont fait percevoir, sans le vouloir mais mieux que n'importe quelle théorie, une autre notion du temps : la valeur et la beauté de l'instant. Quant aux revers qu'ils m'infligent parfois, en déjouant mes espoirs, ils m'éclairent et me font surtout percevoir, au fil des années, qu'ils ne servent qu'à mieux comprendre.
Daniel Aubort