Une savante polémique divisa les scientifiques du Grand Siècle et se prolongea au siècle des Lumières. Quelle est la « figure » de la Terre ? Est-elle ronde comme une sphère parfaite, aplatie aux pôles comme une mandarine, ou oblongue comme un citron ? Newtoniens, qui s’appuient sur le principe de la gravitation universelle, et cartésiens, qui défendent la théorie des tourbillons, s’opposent… jusqu’à ce que l’Académie royale des sciences décide d’envoyer deux expéditions pour mesurer in situ les degrés des méridiens les plus éloignés l’un de l’autre. La première expédition, conduite par La Condamine, gagne l’équateur au Pérou en 1735. La seconde, l’expédition de Pierre-Louis Moreau de Maupertuis, met le cap sur le Nord l’année suivante et se rend pour un hivernage scientifique en Laponie suédoise.
L’expédition de Maupertuis, qui réunit quatre autres académiciens français et l’astronome suédois Celsius, est un succès, même si ses résultats seront contestés. Maupertuis est désormais l’homme qui a aplati la terre… Mais au prix de quelles aventures ! Dès son retour, il rend compte de son épopée devant l’Académie royale des sciences et publie La Figure de la Terre en 1738.
C’est le récit de cette épopée, avec les principaux textes de Maupertuis lui-même, que nous publions aujourd’hui.