Dans l'oeuvre critique de Blanchot, l'intertexte biblique occupe une
place singulière puisque «tout livre est d'essence théologique». À
travers l'étude des archives de Blanchot, la présente recherche analyse
la manière dont il s'approprie plusieurs intertextes de la tradition
juive. Il apparaît qu'au-delà du commentaire de ces oeuvres, Blanchot
gomme fréquemment les frontières entre son discours et les intertextes
cités, il tend à une hétérogénéité masquée qui se réclame d'une écriture
de l'anonymat. Outre cet effet d'exogreffe, la tradition juive est
l'objet d'un incessant questionnement à partir duquel se constitue une
véritable mythographie du juif : la naissance du langage, le sacrifice,
le nomadisme, l'exil, l'exode, la révélation, l'interprétation de la loi.
Par ailleurs, les derniers textes de Blanchot, particulièrement les écrits
fragmentaires laissent entrevoir une pensée messianique qui subvertit
radicalement notre pensée du temps.