C'est «par ce qu'elle sous-entend ou dévoile à sa limite - par
son contenu latent ou inconscient - que la phénoménologie est
en consonance avec la psychanalyse», écrit Maurice Merleau-Ponty
en 1960. Singulière euphonie entre deux disciplines
habituellement opposées dans leurs définitions : l'une ne
centre-t-elle pas ses recherches sur la conscience, et l'autre sur
l'inconscient ? Quelle serait donc cette harmonie entre phénoménologie
et psychanalyse ? Dans quel système tonal se définit-elle
et quelles modulations connaît l'intervalle mélodique
entre les deux ?
Philosophie de la forme, existentialisme, phénoménologie de
la perception, de l'inapparent, puis philosophie de la chair, le
parcours de Merleau-Ponty semble poser, de manière à chaque
fois plus fine, la question d'une paradoxale phénoménologie
de l'inconscient, aux doubles confins de la phénoménologie et
de la psychanalyse. Pour autant, si la relecture merleau-pontyenne
de la phénoménologie s'accompagne d'une lecture inédite
de la psychanalyse, ce double remaniement ne manque
pas de faire surgir bien des questions.
L'examen, auquel invite cet ouvrage, des positions originales
de Merleau-Ponty permet de mesurer l'incontestable rapprochement
esquissé avec l'oeuvre de Freud. Toutefois, les
réponses que J.-B. Pontalis, A. Green, J. Lacan et C. Castoriadis
font à cet appel pointent les limites d'une lecture résolument
philosophique de la psychanalyse, qui ne semble instaurer,
entre les deux, qu'une cadence évitée. À l'issue de ce dialogue,
nulle impression de repos, et la phrase musicale est relancée
sur d'autres lignes harmoniques.