"Tout ce que je sais, c'est que moi je ne suis pas `marxiste'."
C'est en référence à cette phrase de Marx et à la lumière de ce que
sont devenus les "marxismes" que Maximilien Rubel a établi une
distinction radicale entre "marxien", qui se rapporte exclusivement à
l'oeuvre de Marx, et "marxiste", qui renvoie aux épigones de toutes
sortes. Ironie de l'histoire : cette différence est devenue la chose
la mieux partagée du monde, après avoir été objet de scandale.
L'oeuvre de Maximilien Rubel n'en reste pas moins "en écart" - et
toujours écartée.
Miguel Abensour en scrute les origines, en menant une réflexion
sur le travail d'édition et de recherche d'un penseur déterminé à
redonner à l'analyse critique de Marx ses multiples dimensions comme
sa place dans le mouvement d'émancipation qu'elle accompagne.
Louis Janover montre que Maximilien Rubel n'a pas seulement
arraché Marx aux marxismes, mais ouvert nombre de perspectives
susceptibles d'aiguiller la critique contre les formes les plus subtiles
de confusion qui prennent l'allure de la feinte-dissidence, dernier
avatar de l'idéologie.
En regard, un entretien avec Maximilien Rubel permet d'embrasser
l'arc de sa vie.